5 mars 2011

Pétition - Archives menacées

L'ignorance du passé ne se borne pas à nuire à la connaissance du présent : elle compromet, dans le présent, l'action même.
- Marc Bloch, Apologie pour l'histoire

L'historien Christopher Adam a récemment publié cet appel à tous sur le site de la Société historique du Canada. Nous avons décidé d'en traduire le contenu en français afin de faciliter la diffusion de son message, que nous vous invitons d'ailleurs à faire circuler autour de vous.

«J'aimerais vous faire part d'un projet de loi très problématique présenté en Hongrie, loi qui permettrait la destruction d'une portion significative des archives nationales du pays. En décembre 2010, le secrétaire d'État à la justice annonça que son gouvernement estimait qu'un État démocratique n'avait pas à «préserver les documents immoraux d'un régime immoral». D'ici novembre 2011, le gouvernement hongrois prévoit donc instaurer une législation qui autorisera le déplacement et la destruction de dossiers de la police secrète communiste, des services de sécurité et du ministère de l'Intérieur, dossiers actuellement conservés aux Archives historiques des services de sécurité d'État à Budapest. Ces dossiers sont disponibles pour les chercheurs, de même que pour les survivants des exactions commises sous le régime communiste et l'ensemble de la communauté.
Cette nouvelle loi permettra à des individus de retirer des documents originaux irremplaçables des Archives nationales et d'en faire ce qui bon leur semble, incluant leur mise en vente ou leur destruction pure et simple. Comme aucune copie de ces documents ne sera conservée, les chercheurs et les futures générations n'auront plus accès à des dizaines de milliers de documents. De plus, les moyens logistiques prévus pour le retrait et la dispersion de ces documents montrent de graves lacunes: en effet, les documents susceptibles d'être retirés ou détruits font référence à des groupes de personnes, et non à des individus, ce qui soulève la question de l'identité de ceux qui seront autorisés à prendre possession de documents originaux.
Plus de deux cents chercheurs canadiens, américains et européens ont jusqu'à présent signé la pétition que j'ai lancée dans le but de convaincre le gouvernement de Hongrie de reconsidérer cette décision qui, je le crois sincèrement, constitue un dangereux précédent pour toutes les archives et tous les archivistes.

J'aimerais vous inviter à signer cette pétition à l'adresse suivante: http://www.ipetitions.com/petition/hungarianarchives/, et à visiter le site web que j'ai créé sur le sujet: http://hungarianarchives.com/

J'ai également publié un article sur le sujet dans le National Post de Toronto: http://fullcomment.nationalpost.com/2011/01/13/christopher-adam-hungary-erases-the-past-and-whitewashes-the-future/

J'espère que vous donnerez votre appui à cette importante initiative, puisqu'il est crucial de faire comprendre au gouvernement hongrois que les historiens et les archivistes, tant en Europe qu'en Amérique du nord et dans le reste du monde, se sentent concernés par la situation. Si vous êtes intéressé(e) à en savoir plus quant à la position du gouvernement hongrois, je vous suggère de contacter le chargé d'affaires de l'ambassade de Hongrie à Ottawa, M. Tamas Kiraly (tkiraly@kum.hu), qui est au courant de l'existence de la pétition. Une copie papier de la pétition sera aussi déposée à l'ambassade de Hongrie. 

Merci de votre attention,

Sincèrement, 

Christopher Adam 
Chargé de cours / Sessional Lecturer 
Département d'histoire, Université Carleton 

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